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Photo du rédacteurFrédéric Morand

Carbone : affranchir l'Europe

Dernière mise à jour : 22 juil. 2022

L'invasion russe éclaire (encore un peu plus) la dépendance de l'UE envers des gouvernements autocratiques, alors que ces derniers dissonnent radicalement avec les valeurs portées par notre Union. La crise actuelle représente une opportunité pour affranchir l'Europe de cette dépendance. Cela implique de revisiter les solutions offertes par la valorisation intelligente des déchets organiques et par l'optimisation des cultures dérobées, comme le proposent Robert Bell (Le Monde du 16 juillet 2022) (1), l'Association européenne du biogaz, et la stratégie européenne RePowerEU.



Pourquoi ne pas substituer le biométhane au gaz russe ? Simplement parce qu’on en produit bien peu, environ 3 milliards de m3 (mmc) (Association européenne du biogaz (EBA)) (2).


En utilisant ses propres déchets, l’UE pourrait produire 35 mmc (milliards de m3) de biométhane d’ici à 2030, soit plus de 20% des importations de gaz russe. C'est un scénario retenu dans la stratégie officielle proposée peu après l'invasion russe, par la Commission européenne : REPowerEU (3).


Le coût de l’infrastructure de production de ce biométhane s'élèverait selon l'EBA à 80 milliards d’euros, soit moins de 3 fois la facture réglée à la Russie en 4 mois.

Le CO2 généré par la production de biogaz peut en outre être revalorisé en biométhane : il réagit avec l’hydrogène en présence d’un catalyseur au nickel et produit du gaz méthane pur (projet Volt Gaz Volt) (4).

Le CO2 résultant de la production de 35 mmc de biométhane permet un surplus de 10 à 12 mmc de biométhane pur, soit un total de 45 à 52 mmc de biométhane pur, soit un tiers du gaz russe importé par l’UE (par an ??) avant la guerre.


Ce biométhane suffirait à combler le manque d’énergie intermittent dans le scénario où l’EU remplacerait massivement le gaz russe par de l’éolien et du photovoltaïque (estimation de Bloomberg New Energy Finance, 2021) (5)


D’après ce "scénario vert” de substitution du gaz russe, en 2050, 84% de l’électricité serait produite par l’éolien et le solaire. Pour combler les 16% restant lorsqu’il n’y a ni soleil ni vent, l’UE pourrait générer son propre biométhane, à partir de ses déchets et non de cultures énergétiques dont l’empreinte carbone réelle génère des controverses croissantes (voir par exemple le cas de la Bretagne). (6)


Harmen Dekker (président de l’EBA) et Robert Bell ne sous-estiment pas les obstacles bureaucratiques impliqués par cette nouvelle économie du biométhane, mettant en relation des dizaines d’états européens. Même en prenant en compte ces obstacles, les gains de productivité dans le secteur du biométhane issu de déchets, largement sous-développé en Europe, sont susceptibles de permettre une production de 105 à 130 mmc, soit 80% des exportations de biogaz russe. Ceci sans changement de pratiques agricoles.

En introduisant des améliorations de pratiques agricoles telles que les cultures dérobées (ou intercalaires - sequential cropping (7)) et des technologies telles que la gazéification (8), le potentiel de production de biométhane européen pourrait totaliser 208 à 220 mmc.

“C’est ce que l’UE pourrait obtenir avec la technologie existante du biométhane, si elle s’en donnait réellement les moyens.”


Bref, qu'attendons-nous pour mieux valoriser nos matières organiques ?




Bidons de déchets végétaux issus de professionnels bruxellois (projet Humus Pro). A l'arrière : dépôt de champost (substrats de culture de champignons).

Sur son potager à InnRGReen (Anderlecht), Vert d'Iris valorise 160 tonnes de déchets végétaux par an, collectés auprès de professionnels bruxellois.

Cela a contribué à multiplier par 10 le taux de carbone du sol du potager en 7 ans. L'humus ainsi généré représente l'élément principal de la fertilité des sols, ce qui permet de réduire considérablement l'achat d'engrais.





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